Rétrofit ou l’art de convertir du thermique à l’électrique

23 mars 2023 | Actualités de l'industrie

Le rétrofit (ou l’art de convertir du thermique à l’électrique son véhicule) a été introduit dans la loi par l’Arrêté du 13 mars 2020 et définitivement adopté le 3 avril 2020. Il est donc désormais autorisé en France, comme dans d’autres pays européens, permettant ainsi de transformer son véhicule sans l’accord préalable du constructeur.

Diverses conversions existent :

    • vers l’électricité avec des batteries
    • vers l’hydrogène avec une pile à combustible et des batteries
    • vers une solution hybride avec un couple moteur électrique / petit moteur à combustion
    • vers le gaz naturel (hors arrêté)

L’urgence climatique et l’emballement des décisions politiques (dont la fin annoncée de la vente de moteurs thermiques en 2030), la prise de conscience croissante de la population sur les questions environnementales, la crise énergétique actuelle, nous obligent à revoir sérieusement et rapidement nos modèles de mobilité.

Le rétrofit, encore « gadget » il y a quelques années, se démocratise donc et devient une véritable solution à ces questions. Au point que même des entreprises traditionnelles du secteur automobile s’y engouffrent, comme Stellantis à la faveur d’un partenariat avec Qinomic, entreprise high-tech française spécialisée dans les solutions innovantes et durables pour la mobilité (coopération sur la conversion des véhicules utilitaires légers).

 

Tous les véhicules sont concernés

Le terme « rétrofit » est relativement nouveau pour les néophytes. Pourtant, en ingénierie, la notion de rétrofit (ou rétrofittage) existe depuis longtemps, consistant à ajouter, modifier ou restaurer des fonctions technologiques à des systèmes vieillissants.

En France, cette conversion a suivi le trajet classique d’une innovation technologique : d’abord très cher et semblant peu utile, certains pionniers se jettent dessus avec l’intérêt avide de ceux qui comprennent avant tout le monde. Puis le chemin se fait dans la presse grand public à renfort de voitures iconiques électrifiées (Austin Mini, Fiat 500 ou autre Jeep Wyllis), grandement aidé par une actualité alarmante ouvrant largement le débat sur les solutions à trouver à nos soucis environnementaux et énergétiques.
Avec l’augmentation des volumes (des véhicules rétrofités autant que des packs batteries lithium, coût principal des kits) et la mise en place d’aides gouvernementales, les tarifs baissent et attirent de plus en plus d’utilisateurs.

Aujourd’hui, le rétrofit est proposé sur la quasi intégralité des véhicules, des plus légers (les 2-roues) aux plus lourds (les autobus par exemple, seuls les camions sont encore à ce jour pénalisés par des questions d’autonomie, notamment pour le transport de fret).
Les véhicules électriques légers n’y échappent pas (comme les golfettes par exemple), tout comme les engins de manutention ou encore les engins aéroportuaires au sol, qui bénéficient en outre d’une modification plus simple liée à l’absence d’homologation route.

Voiturette de golf électrique

Des avantages multiples

Selon l’ADEME, « la conversion des citadines permettrait de réduire de 66% les émissions de CO2 par rapport au scénario de conservation du  véhicule diesel et de 47% par rapport au scénario d’achat d’un véhicule électrique neuf. Pour les autobus, l’impact sur les émissions de GES serait de -87% d’émission de CO2 par rapport au scénario de conservation du véhicule diesel et -37% par rapport au scénario d’achat d’un véhicule électrique neuf. »
Ces chiffres démontrent que l’impact environnemental positif du rétrofit est considérable.

À ceci s’ajoute le décalage dans le temps de la mise au rebut du véhicule (et de la fabrication d’un nouveau, ce qui engendre également un impact carbone), permettant un pas supplémentaire vers une pérennité programmée de nos équipements.
Une très grande partie des composants des véhicules vieillissants sont encore tout à fait propres à fonctionner encore longtemps. Ce sont généralement les pièces d’usure du moteur thermique qui vont décider du sort de l’ensemble du véhicule, générant des déchets plus ou moins bien recyclés.

Or un moteur électrique a pour ainsi dire aucune pièce d’usure et peut ainsi durer bien plus longtemps, sans entretien, sans consommables (polluants comme les huiles de moteur), sans réglage. Ainsi, c’est l’ensemble des pièces du véhicule qui bénéficient d’une durée de vie significativement allongée.

L’atout économique apparait également assez évident :

    • Optimisation du TCO (« Total Cost of Ownership », le coût d’usage) grâce à la prolongation de la durée de vie du véhicule (et des équipements additionnels éventuels qui le composent)
    • Baisse drastique des dépenses en « carburant »
    • Entretien moteur inexistant, pas de pièces d’usure
    • Pas de consommable (huile, liquide de refroidissement)

Quant à l’installation, on est loin d’une opération à cœur ouvert suivie d’une longue convalescence !
Les kits, composés d’un moteur électrique (et son équipement électronique), d’un pack batterie et d’un BMS (« Battery Management System ») sont déjà fabriqués. Ils sont installés en quelques heures ou quelques jours selon les rétrofiteurs, et ce sont eux qui s’occupent de l’homologation de leur kit s’il s’agit d’un véhicule routier.
Idéal notamment pour les professionnels qui ne peuvent se permettre d’immobiliser leurs véhicules sur une longue durée !

Enfin, parmi les atouts, on se doit d’ajouter également le silence du moteur et l’absence d’odeurs (huile, échappement) dont seuls les utilisateurs de véhicules électriques peuvent pleinement en comprendre le plaisir…

 

 Crédit « Rétrofit ou l’art de convertir du thermique à l’électrique » : @Design1880 / @stakhov – Fotolia